samedi 8 mars 2014

Une semaine sans publication mais une semaine chargée

Oulàlà quel manque de temps la semaine passée.

Tout d'abord, le dernier WE dernier fut bien chargé avec le retour de mon fils et mes parents venus par la même occasion nous rendre visite. Et oui, après une semaine sans voir mon fils, seule avec mon mari et ma fille, le temps était à la fête. Le gamin était tout content de pouvoir raconter toutes les aventures qu'il a vécu en vacances et à la fois triste de rentrer et de voir mes parents repartir. En plus, dimanche c'était la fête des grand-mère... du coup on en a bien profité !

Côté boulot, ce fut aussi mouvementé, beaucoup de rendez-vous, beaucoup de réunions, une grosse assemblée générale vendredi soir... bref pas beaucoup de temps au bureau. Et qui dit peu de temps au bureau, dit fatigue accumulée... Et pourtant  !

Mercredi, avec mon mari, nous avons pris le temps d'aller voir, le dernier animé de Miyazaki (snifff !), "le vent se lève". Une belle histoire d'amour sur fond d'aviation, du tremblement de terre de Tokyo en 1923, de guerre, de maladie. Une histoire triste entre deux être amoureux que le destin n'aide pas ! Jiro et Nahoko seront-ils heureux, je ne vendrais pas la mèche mais vous le laisserais découvrir en regardant se film déconseillé avant 6 ans qui en vaut vraiment le coût !



Voici le poème de Paul Valéry dont il question dans le film et qui d'ailleurs en donne le titre... La phrase "le vent se lève, il faut tenter de vivre" est dite en français dans le film.

"Le Cimetière marin

Ce toit tranquille, où marchent des colombes, 
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée!
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!

Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume, 
Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l'abîme un soleil se repose, 
Ouvrages purs d'une éternelle cause, 
Le Temps scintille et le Songe est savoir.

Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme, et visible réserve,
Eau sourcilleuse, Oeil qui gardes en toi
Tant de sommeil sous un voile de flamme, 
O mon silence!... Édifice dans l'âme,
Mais comble d'or aux mille tuiles, Toit!

Temple du Temps, qu'un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m'accoutume,
Tout entouré de mon regard marin;
Et comme aux dieux mon offrande suprême,
La scintillation sereine sème
Sur l'altitude un dédain souverain.

Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence 
Dans une bouche où sa forme se meurt, 
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l'âme consumée 
Le changement des rives en rumeur.

Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change!
Après tant d'orgueil, après tant d'étrange
Oisiveté, mais pleine de pouvoir,
Je m'abandonne à ce brillant espace,
Sur les maisons des morts mon ombre passe
Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir.

L'âme exposée aux torches du solstice,
Je te soutiens, admirable justice
De la lumière aux armes sans pitié! 
Je te tends pure à ta place première: 
Regarde-toi!... Mais rendre la lumière 
Suppose d'ombre une morne moitié.

O pour moi seul, à moi seul, en moi-même,
Auprès d'un coeur, aux sources du poème,
Entre le vide et l'événement pur,
J'attends l'écho de ma grandeur interne, 
Amère, sombre et sonore citerne,
Sonnant dans l'âme un creux toujours futur!

Sais-tu, fausse captive des feuillages,
Golfe mangeur de ces maigres grillages,
Sur mes yeux clos, secrets éblouissants,
Quel corps me traîne à sa fin paresseuse,
Quel front l'attire à cette terre osseuse?
Une étincelle y pense à mes absents.

Fermé, sacré, plein d'un feu sans matière, 
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux!

Chienne splendide, écarte l'idolâtre!
Quand solitaire au sourire de pâtre,
Je pais longtemps, moutons mystérieux,
Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes, 
Éloignes-en les prudentes colombes,
Les songes vains, les anges curieux!

Ici venu, l'avenir est paresse.
L'insecte net gratte la sécheresse;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l'air
A je ne sais quelle sévère essence...
La vie est vaste, étant ivre d'absence,
Et l'amertume est douce, et l'esprit clair.

Les morts cachés sont bien dans cette terre 
Qui les réchauffe et sèche leur mystère. 
Midi là-haut, Midi sans mouvement 
En soi se pense et convient à soi-même... 
Tête complète et parfait diadème, 
Je suis en toi le secret changement.

Tu n'as que moi pour contenir tes craintes! 
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes 
Sont le défaut de ton grand diamant... 
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres, 
Un peuple vague aux racines des arbres 
A pris déjà ton parti lentement.

Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L'argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs!
Où sont des morts les phrases familières,
L'art personnel, les âmes singulières?
La larve file où se formaient des pleurs.

Les cris aigus des filles chatouillées,
Les yeux, les dents, les paupières mouillées,
Le sein charmant qui joue avec le feu,
Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
Les derniers dons, les doigts qui les défendent,
Tout va sous terre et rentre dans le jeu!

Et vous, grande âme, espérez-vous un songe
Qui n'aura plus ces couleurs de mensonge
Qu'aux yeux de chair l'onde et l'or font ici?
Chanterez-vous quand serez vaporeuse?
Allez! Tout fuit! Ma présence est poreuse,
La sainte impatience meurt aussi!

Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse!
Qui ne connaît, et qui ne les refuse,
Ce crâne vide et ce rire éternel!

Pères profonds, têtes inhabitées,
Qui sous le poids de tant de pelletées, 
Êtes la terre et confondez nos pas,
Le vrai rongeur, le ver irréfutable
N'est point pour vous qui dormez sous la table, 
Il vit de vie, il ne me quitte pas!

Amour, peut-être, ou de moi-même haine?
Sa dent secrète est de moi si prochaine
Que tous les noms lui peuvent convenir!
Qu'importe! Il voit, il veut, il songe, il touche!
Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche,
À ce vivant je vis d'appartenir!

Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Elée!
M'as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas!
Le son m'enfante et la flèche me tue!
Ah! le soleil... Quelle ombre de tortue
Pour l'âme, Achille immobile à grands pas!

Non, non!... Debout! Dans l'ère successive
Brisez, mon corps, cette forme pensive!
Buvez, mon sein, la naissance du vent!
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme... O puissance salée!
Courons à l'onde en rejaillir vivant.

Oui! Grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l'étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil,

Le vent se lève!... Il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!"


Du coup pas de programmation de bento pour la semaine passée. Mais qu'à cela ne tienne, dès cette semaine je reprends le rythme !

1 commentaire:

  1. Je n'avais jamais lu le poème. Par contre, j'ai vu le film, que j'ai beaucoup aimé aussi! Moins que d'autres (Princesse Mononoké surtout, qui reste mon favori), sûrement parce que le ton est plus grave, plus triste, mais c'est un très beau film. Challenge bento sur Bento Addict sur ce thème d'ailleurs ;)

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